La vue sur le désert suffisait à combler le vide.
Ils mangeaient peu et vite.
Puis il mangeait, toujours peu, toujours vite.
Page 4 Il y avait, autour du château de rêve, un immense désert. Des dunes de papier. Un ciel semblable à la mer où nageaient de rares oiseaux en origami, des oriflammes lâchés au vent. Quelquefois, un chant résonnait. Un appel. Qu’il ne parvenait pas à oublier. Le hurlement de l’hiver. Car les saisons rappellent au cycle immuable de l’échéance. Ce postulat à l’acquis, le cri persistait. Il revenait, jamais las, infroissablement constant. La silhouette d’un mirage dansant dans les imaginations. L’écoulement des grains de gris jusqu’à rassasier le pourpre des souvenirs. Il lui semble que même le gel ne peut le guérir de ce mal fictif qu’est l’ennui. Le peuple maudit se disperse dans les couloirs du labyrinthe en l’oubliant. Les domestiques le pleuraient. Les domestiques n’ont jamais existé. Autour du tableau, l’orge pourrit et les mythes dévorent le papyrus de la toile. Il ne s’était pas trompé. Sous un ciel semblable au pourpre, quelquefois, le chant résonnait encore. Les fantômes, attroupés comme à l'heure du conteur, imitait la mécanique du temps qui passe pour ne pas oublier qu’ils ont vécu. Des rumeurs s’épaississaient dans le modelage du vent, jusqu’à former du brut, de la matière. Alors, vite, des paroles s’arrachaient à ses lèvres craquelées. Des nuances chatoyantes d’un alphabet silencieux et insensé.
politique de confidentialité - Mentions Légales - Conditions Générales d'Utilisation - copyright – tous droits réservés